Ce matin, assise dans la rame de métro, la musique à fond dans les oreilles, je scrutais nonchalamment mes compagnons de trajet déjà abattue par la journée qui m’attendait, l’anxiété et la fatigue. A une station, un jeune homme est entré et s’est mis en face de moi. Un jeune aveugle. Il avait des yeux magnifiques. D’un vert clair et scintillant… Et il souriait. Un beau sourire, sincère, de ceux qui vous donnent envie de sourire. Je me désolais de l’ironie (un peu) de la chose. Que ce jeune homme ne soit pas capable de voir avec ce qu’il avait sûrement de magnifique, ses yeux. Pendant les 6 stations qui ont suivi, je ne l’ai pas quitté des yeux. J’ai souri petit à petit. Sans le savoir ce jeune homme m’a transmis un peu de ce qui l’animait. Je ne sais pas pourquoi il souriait. Je me demande si cela a de l’importance. Je préfère me dire qu’il souriait à la vie. Je suis triste qu’il n’ai pas pu voir mon sourire avant que je sorte du métro. Quand j’y repense, j’aurais dû lui dire merci. Je regrette de ne pas l’avoir fait. Car sans le vouloir, sans le savoir, ce jeune homme m’aura donné un peu de forces pour affronter cette journée grise.