Je ne parlerai pas encore et encore de la mort d’Amy Winehouse, du choc, de ma réaction ni de ma non surprise car quelques heures avant l’annonce je disais qu’il était encore temps pour elle de faire partie du Club des 27 et d’entrer dans la légende en mourant maintenant. Tout au long de la nuit, j’ai vu des gens blâmer Amy à base de blagues et de jeux de mots plus ou moins de mauvais goût ( et totalement irrespectueux dans la mesure où au moment même une mère pleurait sa fille, une filleule sa marraine , un oncle sa nièce ) (et d’où je viens on ne se moque pas des morts ) , les médias pour leur insensibilité, son entourage pour leur inefficacité , et tellement d’autres de manière totalement compréhensible étant donné les circonstances.
La toxicomanie est le symptôme d’un mal-être et d’un mal-vivre avec le plus souvent une pathologie sous-jacente qui finit presque toujours souvent par tuer ses victimes. Il est difficile impossible de sympathiser avec vu de l’extérieur, car le toxicomane lui même ne se soucie pas de ce qu’il se fait et c’est de sa faute ( à tort ou à raison ) de ne pas avoir fait assez d’efforts. Mis à part le côté psychologique de celle ci, l’addiction s’apparente peut être à un besoin semblable que le besoin de manger lorsque vous êtes affamés ou de boire quand vous êtes assoiffé ( amis grands fumeurs vous ne me direz pas non ) . Pour ceux qui blâment Amy , j’espère qu’ils se demandent s’ils seraient assez forts pour supprimer un tel manque, un tel besoin chaque jour, à chaque moment de tristesse, contrariété, moment de déception, ou de malaise. Pour ceux qui pensent que sa famille aurait dû intervenir davantage, à moins de l’attacher et de ne jamais la laisser sortir à nouveau il n’y a rien que vous puissiez vraiment faire pour arrêter un addict. Vous avez juste à regarder la personne que vous aimez se tuer lentement en face de vous sans rien pouvoir faire, et c’est tout aussi douloureux pour vous que pour eux ( si je vous l’assure ).
Il y’a de par le monde des milliers , des centaines de milliers, des millions d’Amy. Moins connus (es) (c’est sûr) , moins talentueux (euses) ( peut être pas) mais toujours avec cette même souffrance, ce désir d’exister à tout prix ou de fuire ce monde, d’oublier quelques traumatismes que ce soit, ce profond mal être. Je me suis posé la question de savoir qu’elle aurait été la réaction si elle avait « fait une Kurt Cobain ». Est ce qu’on dirait « oui de toute manière, elle l’avait mérité. Elle s’est fait ça à elle même » ? Je ne sais pas. Je m’égare. De savoir qui ou quoi est responsable est dorénavant sans intérêt. Et loin, loin, très loin de moi l’idée de chercher des excuses à qui que ce soit. Il n’y en a pas.
De mon expérience personnelle , je me fiche un peu de savoir le pourquoi de sa toxicomanie , comme je me fiche de savoir le pourquoi de votre première clope, de votre premier verre de Whisky ou premier joint. Je suis triste pour l’auto-destruction, le mal qui a pris le pas sur le talent, comme je serais triste pour votre cancer du poumon ou votre cirrhose du foie.
Je sais seulement ce que c’est qu’une dépendance, qu’une addiction,et son pouvoir destructeur. Lorsque le manque prend le pas sur la raison, les sentiments et les liens qui unissent deux personnes au point faire passer le rail de coke au dessus de l’amour ou de l’amitié. Je ne connais que les pleurs et la douleur intense lorsqu’on se rend compte que sa paix intérieure se trouve dans une dose de crack et le désespoir de ne pouvoir en sortir. Je ne connais que la déception et le ras le bol que l’on ressent lors de la 28eme rechute et du coup de fil en larmes. Je ne connais que la détresse extrême dans les yeux de l’accro lorsqu’il t’avoue qu’il sait qu’il va en mourir mais que « là où ses saletés m’envoie je trouve la paix que je ne trouve nulle part ici ». Je ne connais que l’impuissance face à un mal de vivre immuable.
Je suis peut être naïve, cliché ou ce que vous voulez , je ne condamne pas les toxicos qu’ils aient commencé parce qu’ils voulaient avoir l’air cool ou pour quelques raisons que ce soit, ils sont entrés dans la spirale infernale . Et vous l’aurez compris je n’aime pas la toxicomanie, la dépendance extrême, l’auto destruction. Mais on n’a jamais aidé personne en les blâmant, au contraire…
Pour vos Amy si vous en avez, il n’est jamais trop tard.
Pour mes Amy, je sais que vous avez enfin trouvé la paix.
Pour Amy et toutes les Amy
Merci. Merci d’avoir écrit ces mots qui remettent un peu de perspective dans cette tragique actualité. J’adhère à 100% à tes propos. J’ai eu la chance de ne pas rencontrer d’Amy jusqu’à maintenant… mais j’imagine très bien ce que cela peur réveiller chez ceux qui en connaissent ou en ont connu. Concernant Amy, reste pour moi le souvenir d’une grande artiste qui est passée comme une étoile filante. Reste aussi l’impression d’un immense gâchis devant cette vie trop tôt enlevée. Et enfin, surtout, une immense tristesse…